Cela fait presque une semaine que le collectif de sauvegarde du Vieux Saint-Saulge nous a alerté de l'imminence de la démolition d'un ensemble de bâtiments datant du XVe au XVIIe siècle.
Bâtiments certes fatigués par les affres du temps, mais qui pouvaient sans aucun doute bénéficier d'un programme de réhabilitation intelligent, plutôt que de finir en tas de gravats pour laisser place à une "placette végétalisée".
Malgré tous les efforts du collectif de sauvegarde, de notre déléguée de la Nièvre, et bien évidemment, de notre avocat, nous avons seulement réussi à différer de quelques jours la démolition du bâtiment principal appelé "l'Orangerie".
C'est en début d'après-midi ce jeudi 14 mars que les premières mutilations ont commencé.
Certes, rien de très spectaculaire pour le moment, mais ces premiers travaux annoncent bel et bien la fin de l'édifice.
Cette démolition précipitée est incompréhensible pour beaucoup de raisons.
Maître Catry nous les résume ici :
"Ce midi, malgré l'expertise judiciaire en cours, malgré la contestation en justice de la déclaration d'utilité publique, et alors que l'Architecte des Bâtiments de France vient d'émettre un rapport transmis à Nièvre Aménagement qui conclut à l'absence d'état de péril, nous apprenons que les travaux de démolition ont démarré sur la maison de l'Orangerie.
Cette décision est prise, en toute connaissance de cause, au mépris du patrimoine et sans considération pour les propriétaires riverains pour qui l'expertise ordonnée par le tribunal judiciaire de Nevers était le seul moyen de se constituer des preuves des dommages susceptibles d'être causés sur leurs biens à la suite des travaux entrepris. Une telle précipitation entrave manifestement le cours de la justice, tant pour cette expertise que sur le plan de la protection juridique du bâti ancien."
Voilà, tout est parfaitement clair, mais lorsque les élus ont l'obsession de la démolition, rien ne les arrête.
Nous poursuivons néanmoins le combat. Notre déléguée, Madame Brigitte Compain-Murez, vient d'ailleurs d'envoyer un courriel au Préfet de la Nièvre :
A l'attention de Monsieur le Préfet de la Nièvre
Monsieur le Préfet,
Malgré tous nos efforts, les démolisseurs s’affairent dans leur besogne de destruction de l’Orangerie au 27 rue du Commerce à Saint-Saulge.
Il nous semble opportun et utile de vous faire un retour arrière sur cette histoire.
Vous avez signé une DUP déclaration d’utilité publique en date du 21 décembre 2023 s’appuyant sur le rapport du commissaire enquêteur datant du 14 décembre 2023. Bien qu’il soit indiqué dans le projet de DUP que les bâtiments concernés sont dans le périmètre d’un monument historique, le commissaire enquêteur n’a pas fait mention d’une consultation des ABF, ce qui n’est pas conforme à la réglementation qui préside.
Ensuite, le commissaire enquêteur précise que les bâtiments de l’Orangerie doivent faire l’objet soit d’une démolition avec reconstruction, soit d’une réhabilitation aux fins d’activités commerciales et de services.
Or, ce qui se passe actuellement est une démolition qui sera suivie de la production d’une placette : parking et espace vert. Nous sommes là à des années lumière de la DUP que vous avez signée et dans un projet qui est tout autre.
D’après le CR de Conseil Municipal, datant de juin 2023 , il était bien question au sein du Conseil Municipal de démolition et de création d’une placette. Ce détail qui change tout n’apparait pas dans le projet de DUP, signé postérieurement en juillet 2023.
Le rapport récent de l’ABF préconise de conserver un des bâtiments qui ne présente pas de péril imminent et détient des intérêts patrimoniaux certains.
Ce qui se passe est consternant et ne respecte ni votre signature, ni la mission de l’ABF, ni les droits des riverains via l’enquête publique.
Notre intervention sur la préservation du patrimoine n’est pas contraire à l’esprit du projet initial de revitalisation et apporte même une valeur ajoutée.
Puisqu’il y a destruction, nous vous demandons à bien veiller à une réhabilitation et une reconstruction conformément à votre signature et au rapport de l’ABF.
Avec nos salutations respectueuses.
Brigitte Compain-Murez
Déléguée UP 58
En tout cas, nous savons maintenant à quoi sert le dispositif "petites villes de demain", mis en place en 2020, afin de permettre aux communes de moins de 20.000 habitants de re- dynamiser leurs centres-villes. Vous noterez qu'il est préconisé sur ce visuel de : "prendre soin, respecter et valoriser le patrimoine".
Enfin, à Saint-Saulge, il semblerait que l'on confonde "dynamiser" et "dynamiter".
À suivre...