Billet d’humeur qui ne sert à rien, mais qui soulage.
Les nouvelles tenues liturgiques choisies par Monseigneur Ulrich, ont fait parler beaucoup d’elles, alors je vous livre ma modeste réflexion sur ce sujet.
Je ne m’attarderai pas sur le choix des couleurs, ni l’esthétique, car ce n’est pas le but de ces quelques lignes.
Par triste expérience, je connais le goût prononcé de Monseigneur Ulrich pour la modernité, car lorsqu’il officiait encore à Lille, à l’époque de notre combat pour sauver la chapelle Saint-Joseph, il a applaudi des deux mains sa démolition. Il n’est d’ailleurs peut-être pas étranger au cube de béton hideux qui a remplacé l’édifice.
Donc, je n’ai pas été surprise. J’apprécie par ailleurs le travail de JC de Castelbajac, même si je ne l’attendais pas forcément dans le registre des vêtements liturgiques.
En tout cas, je vois simplement là un « caprice » de star, qui n’a pas voulu « taper dans le stock » des vêtements existants, dont certains sont probablement somptueux, mais, comme un gamin qui rentre en 6eme, il était hors de question pour lui de porter les vêtements d’un grand frère ou d’un cousin.
Il voulait du neuf, créé pour cette grande occasion qu’était la réouverture de la Cathédrale Notre-Dame, un point c’est tout.
Il semblerait que l’humilité propre à ceux sensés « guider les brebis égarées sur terre » fasse un peu défaut à Monseigneur Ulrich. Mais passons.
Ce qui me dérange vraiment dans cette " affaire", c’est le coût, car en voyant ce "défilé", c'est la première question que je me suis posée. Combien tout cela a coûté?
J’ai cherché, et voici ce que j’ai trouvé la réponse dans un article très complet de Ouest France :
« Pour la reconstruction de l’édifice, l’archevêque, Mgr Laurent Ulrich, confie à l’artiste une commande monumentale. Concevoir la garde-robe de Notre-Dame. L’un des éléments du mobilier intérieur, d’un coût de 6 millions d’euros, financés par des dons…
… La mission porte sur la confection des 2 000 habits que les évêques, diacres et prêtres porteront pour la réouverture de l’édifice, samedi 7 et dimanche 8 décembre 2024, puis lors des cérémonies du calendrier liturgique. S’y ajoutent les bannières des 120 paroisses du diocèse, dont Notre-Dame est le vaisseau amiral, dit Jean-Charles de Castelbajac. « Transformer les fêlures en lumière. C’est ça, le travail d’un artiste », justifie-t-il. »
6 millions d’euros d'euros pour le "mobilier intérieur", dont ces fameux vêtements Haute Couture, ça fait un peu cher le caprice. Surtout quand on connait les difficultés rencontrées pour sauver de la ruine, ou pire, de la démolition, les églises de France.
Avec 6 millions d’euros, on pouvait sauver trois d’entre-elles, qui avait besoin de 2 millions d’euros de travaux chacune, ou une bonne dizaine en moins mauvais état.
Ces trois exemples ont été pris totalement au hasard, mais il y en a des dizaines dont le coût des restaurations pour les sauver, avoisine les 2 millions d'euros.
Des dizaines, voire des centaines d’édifices, attendent une manne providentielle pour de pas disparaître du paysage. En ce qui concerne ces trois exemples, réjouissons-nous, les budgets ont été trouvés, ou en passe de l'être.
Mais ayons tout de même une pensée pour celles déjà tombées, comme l’église de la Baconnière détruite en 2023, parce que les travaux de restauration étaient trop coûteux, tout comme l’église d’Asnan, sacrifiée de 2017 parce que la commune n’avait pas 150.000 euros pour la sauver.
Tout ça pour dire que l’argent des donateurs pourrait quand même servir à autre chose qu’au renouvellement de la garde-robe de Monseigneur Ulrich et à ces envies de modernité à tout prix !
Cela dit, une fois le « buzz » provoqué par ces tenues hautes en couleurs, lors de la cérémonie de la réouverture de Notre-Dame, plus personne n’en parle, comme d’ailleurs plus personne ne parle de l’avenir de nos milliers de « petites Notre-Dame ».
Lire l'article source de Ouest France : https://www.ouest-france.fr/culture/patrimoine/notre-dame-de-paris/rencontre-les-couleurs-de-jean-charles-de-castelbajac-pour-habiller-notre-dame-d418aa6e-b148-11ef-a8ca-075099a0d9c7
Alexandra Sobczak-Romanski